Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part

 

J’ai décidé de faire une série de photographies à partir de cette phrase d’une nouvelle d’Anna Gavalda, Permission, dont le titre du recueil est tiré : « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. »

« Quand j’arrive à la gare de l’Est, j’espère toujours secrètement qu’il y aura quelqu’un pour m’attendre. C’est con. J’ai beau savoir que ma mère est encore au boulot à cette heure-là et que Marc est pas du genre à traverser la banlieue pour porter mon sac, j’ai toujours cet espoir débile. Là encore, ça n’a pas loupé, avant de descendre les escalators pour prendre le métro , j’ai jeté un dernier regard circulaire au cas où il y aurait quelqu’un… Et à chaque fois dans les escalators, mon sac me paraît plus lourd. Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part… C’est quand même pas compliqué. » C’est un réflexe que j’ai très souvent, que ce soit en descendant du tram ou à la gare. Je regarde autour de moi, je prends mon temps, en espérant que quelqu’un sera là et me dira « hey je t’attendais justement ! ». J’ai essayé avec cette série de photographies de laisser s’exprimer mes sentiments, pour peut-être essayer de comprendre ce besoin que j’ai de regarder toujours si quelqu’un est venu pour moi. Pas venu nécessairement pour me dire quelque chose en particulier, mais plutôt pour m’aider à me tenir debout, et ainsi me sauver d’une possible noyade. C’est pour cela que j’ai pris plusieurs photo en bord de mer. La mer m’inquiète depuis toute petite, c’est sûrement à cause de cette impression de vide que me procurent les fonds marins. Et ce siège vide, c’est un siège marquant l’absence, cette absence que je constate chaque fois que je descends d’un transport en commun. Le tram est souvent bondé, le train aussi. On y voit plein de gens, mais ils ne pensent qu’à une chose : se sauver d’ici pour rentrer à la maison ou aller retrouver quelqu’un. Et moi, j’espère toujours qu’il y aura quelqu’un justement qui ne partira pas une fois sur le quai, tout simplement parce qu’il m’attendait, pour se sauver avec moi.
Cette personne, qui m’attendrait, pourrait être n’importe qui ; c’est pourquoi sur mes photos son visage est masqué. C’est aussi pour cela que j’ai utilisé le noir et blanc plutôt que la couleur : je ne veux pas caractériser une personne précise. Elle pourrait être vêtue de n’importe quelle manière, de n’importe quel coloris, avoir les cheveux de n’importe quelle teinte, pourvu qu’elle occupe ce siège, cette place, qui est éternellement vide.

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