« L’amour fait songer, vivre et croire. Il a pour réchauffer le cœur un rayon de plus que la gloire, et ce rayon, c’est le bonheur. »
Victor Hugo.
Cécile, c’est ma grand-mère paternelle. Ma « bonne-maman ». Elle garde précieusement cette boîte métallique, qu’elle alimente régulièrement en gâteaux secs qu’elle distribue quand ses petits-enfants lui rendent visite. Il y a en a plein des boîtes chez elle, des boîtes métalliques anciennes, de famille ou chinées, toujours pleines de gâteaux. Elle est comme ça, toujours prête à recevoir de la visite.
Cette boîte avec laquelle elle pose, elle date de 1937.
Née en 1924, c’est à 8 ans qu’elle rencontre pour la première fois mon grand-père, Michel. Il a 12 ans, leurs parents se connaissent et ont décidé de faire rencontrer leurs deux familles, leurs enfants. Dès que leurs regards se sont croisés, ils ont su. A 12 ans, mon grand-père a annoncé à ses propres parents que c’était décidé : il épouserait Cécile. En 1937, de passage pour les vacances, Michel, mon grand-père, alors âgé de 17 ans, se rend chez les parents de ma grand-mère, Cécile, qui elle en a 13. Il lui a apporté une boîte pleine de bonbons. Une boîte ronde, métallique, sur laquelle sont représentés deux amoureux en gondole. Il était romantique, c’est ainsi.
Ils se marieront peu avant la fin de la Seconde guerre mondiale.
Le 10 octobre 2007, ce père de famille de 13 enfants, marié 62 ans à ma grand-mère, s’est endormi pour toujours. Aujourd’hui, je sens qu’il n’est pas vraiment parti. Ma grand-mère s’adresse à lui dans ses prières, c’est vrai, mais elle vit chaque jour comme s’il était encore là, tout près. Elle a 94 ans et sait qu’il est là quelque part, ça lui donne de la force. Elle est entourée de la famille, de ses nombreux enfants et petits-enfants, mais rien ne comblera ce vide depuis le départ de son Michel. C’était l’amour de sa vie. Sa vie quasi toute entière, depuis ses 8 ans. Il était sa moitié, son tout.
Elle l’aimait et l’aime encore si tendrement. Il n’y a qu’à voir le regard qu’elle pose sur cette boîte. Cette boîte qui était le début de tout. Le début de sa vie avec l’homme qu’elle aimerait pour toujours et qui l’aimerait en retour. Le début de sa vie de femme puis de maman. Et il n’y a qu’à voir sa façon de regarder cette chaise vide à ses côtés, pour imaginer, comme on peut, ce qu’est le poids de l’absence de l’être aimé après une vie entière passée la main dans la sienne.
Cette série photographique, c’est un hommage. Un hommage à mes grands-parents. Un hommage à l’amour. A leur amour. Le plus doux, le plus sucré, et le plus fort aussi. Celui qui fait tout affronter, gravir toutes les montagnes, sécher toutes les larmes. Ce rayon de soleil persistant même dans les jours les plus sombres. Ce rayon de soleil qui brillera même si l’Autre n’est plus là.
Cécile (2019)
Magnifique photos de Cécile que je n’ai pas connue mais avec qui je correspondait un peu par l’intermédiaire de son blog. Je viens d’apprendre son décès et je m’associe à votre chagrin. Platdetain
J’aimeJ’aime