Julien

Julien. Série 2020. Photo n°1/7.
Julien. Série 2020. Photo n°2/7.
Julien. Série 2020. Photo n°3/7.
Julien. Série 2020. Photo n°4/7.
Julien. Série 2020. Photo n°5/7.
Julien. Série 2020. Photo n°6/7.
Julien. Série 2020. Photo n°7/7.

Julien a grandi dans une famille où l’homosexualité n’était pas abordée. Comme s’il y avait un verrou sur les idées de différences. Une vision hétéronormée qui fait qu’il n’a jamais eu l’ouverture qu’on aimerait tant avoir : jamais on ne lui a dit que ce n’était pas «mal». Qu’on pouvait être différent.
Avec le recul, il a réalisé que cela a très certainement compliqué sa vie et la construction de sa vie amoureuse. Ce n’était pas un sujet. Ce n’était pas une question. Il était aimé, il n’était pas triste. Il ne savait juste pas.

Julien s’est construit en suivant le schéma classique dans lequel il avait grandi : «l’hétéronormativité». On lui demandait parfois s’il avait une copine. Une question qui n’ouvre pas le champ des possibles et a complètement l’effet inverse finalement.

Rencontrer son ex-compagnon au travail, voir une personne vivre son homosexualité spontanément, cela rend la relation «normale» d’après Julien. Sa timidité, cette réserve qui était là, en lui, a alors pu être gommée par cette rencontre. Il s’est dit «Wow, on peut bien le vivre en fait.» Julien est devenu confiant par cette rencontre en partie : il a puisé sa confiance dans la confiance de l’autre. Cela lui a permis de se redécouvrir.

Julien était très timide. Très renfermé. La découverte plus tard, a tout chamboulé : pour lui, il n’y a plus de barrière. Il n’y a plus de frein. Julien se connaît désormais. Aujourd’hui, il ne se pose plus de question, il trouve ça même génial. Il adore l’idée de pouvoir être différent, surtout avec une thématique qui n’est pas encore acceptée. Se montrer, c’est pouvoir permettre à d’autres de ne pas le faire. C’est montrer que cette différence existe, simplement.

Ce chat, que j’ai photographié avec Julien, c’est le symbole de son histoire avec son compagnon Jean-Hugues. Il rencontre ce dernier alors qu’il commençait à travailler à Rennes, il y a quelques années à peine. Un soir ils boivent l’apéro, le chat est là. C’est le chat de Jean-Hugues. Le courant passe aussi bien entre les deux hommes qu’entre Julien et le chat. L’animal l’avait adopté et les deux hommes s’en sont rendus compte. Quelque chose s’est passé ce soir-là. Cela tombait sous le sens pour moi, voyant cette relation entre Julien et ce chat, de l’aborder dans la série.

Je suis venue pour parler avec Julien de son homosexualité et monter une série. Je n’ai découvert l’histoire de ce chat et de ce lien si fort entre eux qu’en arrivant pour les photos. Nous avons cherché ensemble comment traduire ses mots en images, nous avons longuement parlé, enfin je l’ai surtout écouté,
et soudain c’était l’évidence. J’ai alors abandonné l’idée d’une quelconque mise en scène. J’ai arrêté de chercher à guider Julien. Les photos se sont faites dans la spontanéité. Je cherchais à capter les mots de Julien sur sa vie, son identité, sa vie amoureuse, à travers la captation de ses gestes, dans mes choix de cadres, de lumières, de couleurs.

Julien, je l’ai rencontré il y a quelques mois, courant 2019. C’est comme si je le connaissais depuis des années. Avant même qu’il ne se livre à moi. C’est très étrange à dire, mais il est de ces personnes à qui l’on se sent connecté.e. Je ne sais pas pourquoi, mais nos routes étaient faites pour se croiser.

En lançant ce projet de série avec lui, je n’imaginais pas dans quoi je m’embarquais.

La découverte de moi-même.

Diaporama sonore.

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