Habeen

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Pour cette série photographique, j’ai décidé de mettre en image le cycle du sommeil. Mes photos suivent ainsi une narration linéaire, partant de la lumière extérieur qui s’allume à la nuit tombée, pour aller vers un sommeil agité que le personnage ne peut pas contrôler, les lumières « agitées » venant manifester cette perte de contrôle sur les événements. Enfin, le personnage est allongé de tout son long, serein. D’autre part, le titre signifiant « nuit » en somali est une référence personnelle à mes origines maternelles.
Les photos des lumières de la ville la nuit sont prises de manière à ce qu’elles semblent s’échapper de leur support. J’ai d’abord eu cette idée en imaginant que tout ce que l’Homme veut contrôler le jour reprend sa liberté la nuit. Puis j’ai mis cela en relation avec le fait que, pendant notre sommeil, nous ne pouvons pas intervenir sur les événements que notre inconscient nous fait vivre. Ma deuxième photographie de lumière adopte une forme circulaire comme pour indiquer l’idée d’un cycle dans lequel nous nous engageons. Par ailleurs, les lumières se mettent en mouvement et prennent progressivement de la place dans le cadre tout comme le personnage va vers un sommeil agité et profond. Aussi, les photos des lumières jaunes/orangées sont inspirées de la peinture. J’avais envie que visuellement les lumières prenant vie, et envahissant le cadre, aient l’air de coups de pinceaux, et la couleur est là pour renforcer l’idée de vie, de dynamisme. L’envie des photos de nuit m’est venue du travail de Travis Burke, photographe actuellement dans un roadtrip sponsorisé par la marque GoPro. Ses clichés sont loin de mes travaux, mais ce sont eux qui m’ont inspirés pour donner une autre atmosphère à l’image que celle de la réalité.
Les photos de la jeune-femme endormie ont été prises, quant à elles, à l’insu du modèle. Je voulais que la pose soit naturelle, et que mon modèle soit réellement en train de rêver pendant que je le photographiais. Ainsi, la personne ne réfléchit pas à ses positions et ne joue pas la comédie. Ce procédé m’a été inspiré du travail de Sophie Calle, qui a notamment pris des personnes en photo dans la rue sans qu’elles ne le sachent. On se retrouve donc ici dans l’intimité du personnage tel un voyeur. D’autre part, mes photos de cette jeune-femme endormie sont en noir et blanc et ont une apparence granuleuse à la fois en référence à ces photos de Sophie Calle, mais aussi pour mettre en avant l’idée que mes photos sont des photos volées : il y a du grain parce que je n’ai pas utilisé d’éclairage d’appoint. Il n’y a pas de mise en scène et la prise de photos a eu lieu dans un grande obscurité, légèrement corrigée numériquement ensuite. L’imperfection technique de l’image était donc un parti pris.